Pourquoi je ne crois pas à la «niche»

6 novembre 2020 | Réseaux sociaux

Si vous vous promenez quotidiennement sur les réseaux sociaux, vous aurez sans doute entendu le mot « niche » ici et là. À tort ou à raison, il est mis de l’avant plus que jamais. Votre cerveau a peut-être même surchauffé à force de l’entendre d’ailleurs.

La niche, c’est la tendance du moment. On en parle partout, certains l’expliquent, d’autres non. Par contre, une certaine pression parfois malaisante vient avec tout ça.

Dans ma tête, ça sonne comme suit : « Aie une niche et tais-toi. »
Le tout résonne un peu comme le « sois belle et tais-toi ».

Est-ce que la niche existe? Oui.

Est-ce qu’elle est obligatoire? Pas nécessairement. Avant de grimper aux rideaux, laisse-moi t’expliquer ce que j’en pense.

Pourquoi je ne crois pas à la niche

L’effet « entre dans une case »

Afin de bien commencer les choses, je vais te le dire tout de suite : je ne crois pas à la «niche» comme elle nous est présentée en 2020. Je reconnais son existence et sa pertinence (selon le cas), mais pas la façon dont on nous la présente actuellement.

Dans le fond, une «niche», à proprement parler, c’est un «segment d’un marché» , une spécialisation précise ou encore un micromarché.

Par exemple : un gestionnaire de communauté qui oeuvre seulement en immobilier aura une niche précise, soit l’immobilier. Un entrepreneur qui ne fait que des maisons neuves, est un entrepreneur niché.

Est-ce que je crois que c’est mal d’avoir une niche? Pas du tout.

Es-tu obligé d’oeuvrer seulement dans «ta» niche? Pas plus.

Il est certain que selon tes intérêts et le temps, tu développeras une expertise qui te distinguera des autres. Tu détiendras une spécialisation qui te sera propre. Mais est-ce que tu te résumes seulement à ça? Non. Tu peux autant décider d’oeuvrer à 100% dans cette niche et ne pas y déroger, que tu peux aussi décider de toucher à plusieurs niches.

En fait, je vais être bien honnête. Tout le monde d’une façon ou d’une autre en a une, mais je ne crois pas du tout à la niche telle qu’elle est proposée présentement, soit une niche restrictive. Celle où tu dois absolument entrer dans la petite case qu’on t’offre pour te concentrer à 100% à celle-ci et ne plus jamais en ressortir, comme si rien n’existait autour.

Peut-être que je me trompe, mais à l’heure actuelle, la niche qu’on propose sur diverses plates-formes, c’est comme ça que je la perçois. Un carcan dans lequel on doit s’inscrire pour être bien défini, à la limite exister.

Pourquoi je ne crois pas à la niche

Il ne faut pas se méprendre, c’est important la définition. Ton image de marque doit être bien définie afin de savoir à qui on a affaire. Le message que tu envoies aussi, mais ce n’est pas pour autant que tu dois t’en tenir qu’à un sujet de prédilection ou un seul service. Ça, je n’y crois pas. Imaginez qu’un VP marketing ne doit s’en tenir qu’aux agences publicitaire et refuser un défi qui pourrait lui plaire dans le corporatif. Sa niche? C’est le marketing, mais le sujet lui peut être multiple. Au même titre que ma niche à moi, ce sont les communications web axées un brin sur la rédaction.

En fait, elle est là la différence. J’ai l’impression qu’on tente de rentrer dans la gorge que la niche se doit d’être autant dans le service offert que le domaine. Comme si je ne devais que me contenter d’écrire des textes pour des sites web, oublier la gestion de communauté / création de contenu, le tout sur un sujet prescrit.

Ça ne marche pas pour moi et je crois que c’est le cas pour plusieurs. De ton côté, la niche est exactement ce dont tu as besoin? Alors go, fonce. C’est toujours une question de perception et de besoins.

Mon expertise

Personnellement, je pourrais dire que ma “niche” est le sport, car c’est non seulement une de mes passions, mais aussi un domaine où j’ai beaucoup de connaissances grâce à mes expériences professionnelles antérieures.

Par contre, même si je peux me concentrer à 100% là-dessus, je vous annonce tout de suite que les choses suivantes se produiront dans mon cas.

  1. Je vais me sentir emprisonnée
  2. Je vais me mettre des limites et m’empêcher de toucher à autre chose qui me ferait plaisir et me stimulerait
  3. Il se pourrait que je n’arrive pas à subvenir à mes besoins
  4. Je pourrais tomber dans une zone de confort

Est-ce que ces quatre points arrivent à tous ceux qui sont hyper nichés? Encore une fois, pas nécessairement, mais cette réalité n’est pas propre à moi seulement. Puis ça me tue de voir des gens remettre en cause tout ce qu’ils font simplement parce qu’ils n’ont pas l’impression d’entrer dans cettedite niche et de manquer le bateau.

Pourquoi je ne crois pas à la niche

Ce qui me dérange beaucoup dans le discours de la niche à l’heure actuelle, c’est la dévaluation du côté plus généraliste. C’est l’impression donnée que si tu ne coches pas à 100% cette niche, tu feras fausse route ou que tu ne t’es clairement pas à la bonne place.

C’est pour ça que j’aime bien appeler la niche un fil conducteur.

Si j’appliquais celle-ci telle que décrite présentement dans le milieu, cela veut dire que je ne toucherais pas à l’immobilier, l’alimentaire, le divertissement, la plomberie ou encore la construction. Ici, ce sont les sujets, mais en ce qui a trait à mes services, je n’offrirais pas de création de contenu, de gestion de communauté, de rédaction de blogue tout en offrant pour les sites web. Ce serait l’un de ceux-ci, pas tout ça. Donc au final, je me restreindrais.

On s’entend que je n’irai jamais dire que je suis graphiste ou encore une relationniste de presse. Ça ne figure ni dans mon expertise ni dans mes intérêts, mais ce n’est pas pour autant, si je me fie à la définition présente de la niche toujours, que je dois me résumer à offrir soit la gestion de communauté, soit la rédaction comme si les deux ne pouvaient pas être offerts à la fois de mon côté.

Honnêtement, si je n’avais pas eu la création de contenu, la gestion de communauté et la rédaction dans mes services, je ne serais pas passée à travers la pandémie. Ces différentes cordes à mon arc m’ont permis de garder mon entreprise à flots parce qu’elles se complètent et s’équilibrent d’elles-mêmes. C’est aussi ça ne pas mettre ses oeufs dans le même panier.

Aliénation quand tu nous tiens

Je trouve ça énormément aliénant ce sentiment d’obligation d’avoir une niche. Entendre des phrases comme « tu dois absolument trouver ta niche, sinon fais-tu vraiment de l’argent » ou encore « sans niche tu n’es rien/ tu ne peux réussir », je trouve ça condescendant, mais surtout j’ai l’impression que c’est un autre stratagème, conscient ou non, à nous faire entrer dans un moule. Comme si l’entrepreneuriat ne se faisait que d’une seule et unique façon.

Pourquoi je ne crois pas en la niche

Ce qui arrive, c’est qu’on crée un énorme écart entre la niche et le généraliste. Comme si les deux étaient en guerre et ne pouvaient pas coexister. Au même titre que les entreprises de services et celles qui offrent du passif peuvent le faire parfois. Je ne comprends pas pourquoi un doit dévaluer l’autre simplement parce qu’on ne partage pas cet avis.

Pour moi, il y a un juste milieu et des nuances. Il y a ceux pour qui la niche (l’hyperspécialisation comme j’aime l’appeler parfois) fonctionne à merveille et ceux pour qui ça ne fonctionne tout simplement pas. Est-ce qu’un et l’autre sont moins pertinents selon le groupe dans lequel vous êtes? Non, pas du tout. Il faut cesser cette imposition de performance, parce que cette « niche non négociable » pour certains ajoute une pression de performance sans nom.

Personnellement, si je me mets dans une seule niche, savez-vous ce qui arrive? Je perds mon amour de la création, parce qu’on me limite à une seule chose. Mon fil conducteur, c’est la création. Je ne touche pas à tous les sujets. Je sais où sont mes forces et je sais quand mon expertise ne sert pas le client. C’est simple, je le réfère à quelqu’un qui saura l’aider mieux que moi.

Toutefois, ce n’est pas parce que je m’y connais moins dans un domaine X, que je m’empêche de prendre un mandat de rédaction pour lequel je possède les compétences et la capacité d’offrir un superbe résultat.

Ma niche? Donner les mots aux gens afin que leurs textes soient à la hauteur de leur produit et image de marque.

Mon fil conducteur? Créer et apprendre.

Alors, voilà pourquoi je ne crois pas en la « niche » qu’on nous propose présentement à tout vent. Je ne crois pas qu’on l’apporte de la bonne façon. L’imposition d’une telle façon de faire me donne une impression d’étouffer.

Ne soyez pas éparpillés à en perdre le nord, mais ne vous obligez pas à entrer dans une case qui ne vous amènera rien si ce n’est pas pour vous.

Ayez une niche extrême si vous le désirez. Ayez une niche plus grande si c’est ce que vous souhaitez. En aucun cas, on ne devrait se sentir obligé de quoi que ce soit.